Par une technique singulière – un procédé de transfert inventé par Mathilde Leleu – l’artiste fait apparaître ses images sur la toile.
Elle extrait un dessin d’encre fait sur des supports plastifiés qu’elle dépose sur le gesso du châssis. Cette empreinte est ensuite diluée, étirée et retravaillée par l’ajout de peinture, de craie ou de fusain. De ce résidu technique naît une surface picturale où le fragment et le quadrillage évoquent l’archive imparfaite, une rencontre entre la précision machinale et l’élan spontané du geste. Mathilde Leleu travaille à partir d’images choisies par intuition. Si elles semblent disparates au premier regard, une unité s’en dégage peu à peu : une présence fragile. Les figures du loup, en quête de territoire, ou de l’ours polaire, solitaire et désormais emblème de vulnérabilité, incarnent l’instinct, le sauvage, la puissance et l’universel. D’autres motifs évoquent l’éphémère : lumières, lampions, bougies, signes de célébration mais aussi de fragilité et du temps qui passe. Les photographies d’albums de famille, quant à elles, convoquent la mémoire, l’enfance et l’innocence. À ces images intimes se mêlent des objets aériens en quête de ciel, un avion traînant sa banderole, un observatoire tourné vers le cosmos. Même les ponts apparaissent comme des métaphores de passage et de lien. Ces éléments éclectiques révèlent une tension douce : entre présence et absence, puissance et innocence, force et fragilité, réel et poétique, terre et air. Chaque toile s’inscrit dans ce dialogue, articulé autour d’un axe commun : celui de la zone de seuil. Tout y incarne un état transitoire, intermédiaire, entre deux mondes, que l’on peut nommer l’expérience de la liminalité.
Mathilde Leleu, diplômée des Beaux-Arts construit son parcours entre voyages et ateliers partagés, toujours guidée par le désir de relier l’image, la mémoire et le geste. Elle vit et travaille dans son atelier, dans les Hauts-de-France, un territoire auquel elle est profondément attachée. Elle y mène de nombreuses collaborations artistiques et pédagogiques dans plusieurs associations et structures culturelles locales.
Exposition ouverte du 3 décembre au 5 janvier
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